Ceci peut apparaître étonnant, alors que nous rebondissons de la crise des gilets jaunes en affrontement social, à propos des retraites. Cependant, même si on rajoute une compétitivité encore fragile, la France continue à apparaître, comme une terre favorable pour les industriels étrangers. Elle devance même l’Allemagne pourtant souvent citée en référence, et elle occupe le 1er rang européen pour les sites de production d’entreprises à capitaux étrangers.
Les sensations, les intuitions même géniales, c’est une chose, mais les chiffres sont clairs. La France en 2018, c’est 339 projets d’implantation et d’extension, la Turquie est à 203 et l’Allemagne à 152. Par rapport à 2017, le Royaume-Uni subit une baisse due au Brexit.
Pour Ernst & Young, qui révèle tout ceci dans son “Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France”, ce sont quelques secteurs qui tirent vers le haut. Les industriels français, de l’aéronautique, de la construction navale ou l’agro-alimentaire, se portent et exportent bien. En France, ils génèrent autour d’eux, de l’activité sur de nouveaux sites de production. C’est aussi le résultat d’un effort public dans des territoires pour maintenir et créer des bassins d’emplois bien équipés et proposant des compétences sophistiquées. 70 % des dirigeants d’entreprises étrangères y sont très sensibles et voient un avenir à l’industrie “made in France” avec peut-être plus d’assurance que nous-même.
Il reste que tout ceci est encore très aléatoire, car les tensions globales se retrouvent dans les échanges commerciaux. Le protectionnisme et la souveraineté gagnent du terrain. Les relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne par exemple, restent difficiles. Chacun affirme des préférences et sa vision des choses. A ce jeu, la France, qui a la volonté de protéger ses recettes fiscales et sa propriété intellectuelle dans certains secteurs, est dans le collimateur des mesures de rétorsion américaine.
A l’intérieur du marché européen, qui malgré tous ses défauts assure un espace plus favorable, la situation aussi se dégrade. La cohérence économique de l’Europe souffre sous les coups de boutoir du Brexit, des errances économiques italiennes et des blocages créés par certains pays d’Europe Centrale. Tout ceci se rajoute à une toile de fond, faite de plus en plus de populisme et de protectionnisme pas vraiment favorables aux affaires.
Il reste, que si le “made in France” résiste, il le doit et il ne faut pas l’oublier dans nos velléités protectionnistes à un “made by France” important. En effet, l’industrie française s’internationalise enfin, et les revenus générés par les implantations des industries françaises à l’international sont importants. Les entreprises du CAC 40, ont réalisé 75 % de leur chiffre d’affaires à l’international. Les industriels français préfèrent les localisations à l’étranger, via leurs filiales implantées sous pavillon français, plutôt que l’importation directe.
Pour que cette stratégie soit vraiment efficace, elle ne doit pas être mise en place par défaut ou pour compenser. Il ne faut pas oublier, que la France compte moins d’entreprises industrielles que l’Allemagne, et cela ne lui permet pas d’avoir assez de puissance pour innover et moderniser ses outils de production. La France compte environ deux fois moins de robots que l’Italie et cinq fois moins que l’Allemagne.
Prioritairement, les dirigeants interrogés estiment que la France doit prioritairement mettre l’accent sur l’éducation et la formation. Un quart et un tiers des dirigeants attendent des efforts dans le soutien aux PME (36 %), aux industries de haute technologie et dans l’innovation (32 %).
Crédit photo : Michel Sallé
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